J’y suis entré comme on entre dans les ordres
C’est-à-dire à reculons
Et l’ambiance a mis du temps à me mordre
Pour tout dire ça a été long
J’avoue que je m’y rendais toujours en dilettante
Car j’avais du mal à m’y retrouver
Je restais là assis, hagard, dans l’attente
D’une révélation qui tardait à arriver
Avec le temps j’ai fini par me faire une raison
Car à défaut d’y apprendre un métier, on s’y cultive
Alors sont passés les mois, les saisons
J’ai attendu patiemment que mon heure arrive
Mais chez nous un métier c’est essentiellement pour le fric
Et la culture, en quelque sorte, c’est juste bon pour la frime
Voilà pourquoi contre cette maison je me montre critique
Elle qui forme des enfants qui après galèrent et triment
Nos amphis sont devenus de bien drôles de théâtres
Où se jouent d’ignobles tragédies
Dont les pauvres petits novices bleuâtres
Sont presque toujours les rois maudits
Tout comme Zola je pointe un doigt accusateur
Vers cet ogre qui broie et éteint les génies
Et bientôt mon œil inquisiteur
En voit pour qui ce sera bientôt fini
Mais comment a-t-on pu croire
Qu’on faisait du bien à notre nation
En construisant pour les jeunes esprits des mouroirs
Et en tuant toute velléité d’imagination ?
On y fait des gratte-papiers serviles
Qui vont grossir les rangs des oubliés
De notre société mercantile
Où on crève si on se refuse à plier
A quoi peut bien servir un frigoriste
Au pays glacial des esquimaux
Vivement des esprits plus rigoristes
Pour espérer nous dépêtrer de nos maux
Redonnons à nos grandes écoles un sens
Afin que sur elles notre devenir s’ancre
Tuons ces monstres qui ne vénèrent que le cens
Et place sur un piédestal le cancre